23

 

Qu’ils soient bons ou mauvais soldats, on ne peut se fier aux capitaines mercenaires. Dans le premier cas, parce qu’ils ne croient pouvoir s’élever qu’en opprimant le prince qui les emploie, ou en opprimant les autres contre son vœu.

Machiavel. Le Prince.

 

Le jeune capitaine de la sécurité, Youri Brood, avait la réputation, parmi ses hommes, d’être le fils illégitime du Directeur, issu d’une liaison ancienne avec une Sirénienne des Dômes. La rumeur reposait principalement sur la grande ressemblance physique entre Brood et le Directeur, et aussi sur l’ascension rapide du premier à une situation de conseiller qui excédait les responsabilités de son grade. Les deux hommes avaient en outre en commun une méchanceté sans pitié qui dépassait le cadre de leur vie professionnelle.

Le capitaine Brood et l’escadron qu’il commandait avaient grandi dans un complexe Sirénien situé non loin de ce quartier de Kalaloch. Brood, pour sa part, avait reçu un enseignement complémentaire dans le domaine de la stratégie et de la logique mathématiques. C’était la voie normale suivie par tous ceux qui se destinaient à des fonctions importantes au sein de la Compagnie Sirénienne de Commerce. Mais il avait personnellement plus de goût pour les solutions plus directes de la contrainte physique que pour les subtilités de la politique. Ses supérieurs haussaient les épaules en disant que cela passerait, tout en admettant que Brood obtenait des résultats là où les autres échouaient généralement.

Les vieilles familles, qu’elles fussent îliennes ou siréniennes, conservaient envers leur communauté un sentiment très fort de loyauté qui rendait l’application des mesures de force exigées par Flatterie impossible de l’intérieur. Le commandement de la sécurité avait transféré l’équipe du capitaine Brood à Mesa pour son instruction et sa préparation au combat, puis l’escadron avait été déployé à Kalaloch et sur le site de la Station de Lancement, avec pour mission de « maintenir l’ordre ». Ils n’avaient pas d’autre famille qu’eux-mêmes et formaient une île à la dérive au milieu d’un océan d’ennemis. Personne parmi eux n’était à moins de trois villages de chez lui.

Survivre à la prochaine patrouille, avancer en grade, se voir donner une planque dans un bureau du Périmètre, tels étaient les objectifs universels.

Le jeune capitaine avait peur, et cela ne lui arrivait pas souvent. Mais quand il avait peur, des têtes tombaient. Son escadron et lui n’en avaient plus pour très longtemps ici, à peine un mois. Ils comptaient déjà les jours. Le capitaine avait pas mal de choses qui l’attendaient chez lui et il espérait bien se trouver au rendez-vous. Il avait l’intention de faire de son mieux, en tout cas, pour que ses hommes soient tous vivants quand l’heure de la relève sonnerait. Depuis un an, ils étaient affectés à Kalaloch et à la station de lancement. Les actions menées par l’escadron leur avaient valu plus de médailles que ne pouvait en contenir une malle. Et durant toute cette période, ses hommes et lui avaient été quotidiennement sous le feu.

Aujourd’hui, le capitaine faisait face à Béatriz Tatoosh, dans le fond du studio, et il songeait qu’il serait vraiment dommage d’avoir à la tuer.

Béatriz ignorait la teneur des pensées du capitaine, mais la peur lui avait desséché la bouche quand elle avait vu le commando entrer derrière la lumière des spots et se glisser le long des murs du studio.

Le capitaine avait désigné chacune des trois caméras en action à l’un de ses hommes. Ils s’étaient détachés du reste du commando, avaient sorti des lasers et, sans un mot, les avaient pointés sur les opérateurs.

Béatriz avait entendu des exclamations, des jurons et des cliquètements d’armes. Il lui était difficile de voir exactement ce qui se passait à cause de la lumière des spots qui l’aveuglait. Puis le grand moniteur au fond du studio s’éclaira et elle vit passer la bande du dernier lancement, qu’elle avait tournée avec son équipe.

Nous ne sommes pas en direct !

— Dak, dit-elle, voyez le moniteur.

Quand son regard quitta le moniteur et croisa celui du jeune capitaine, elle vit qu’il était en train de l’observer. Elle se souvint alors qu’elle l’avait déjà rencontré. Ses yeux noirs lui avaient souri tandis qu’il guidait ses hommes à travers le labyrinthe de la station de lancement. Il avait un demi-sourire, à présent, qui flottait sur ses lèvres quand il lui adressa un signe de tête. Voyant cela, ses hommes exécutèrent les trois opérateurs l’un après l’autre.

Au premier coup de feu, la soudaineté de l’acte, l’audace la frappèrent autant que l’horreur qui s’en dégageait. Au second coup de feu, ce fut l’odeur de la mort elle-même qui la frappa. Au troisième, elle fit face à l’imminence de sa propre mort, et aussi au capitaine, qui ne souriait plus.

Elle devait se souvenir, par la suite, que sa principale pensée avait porté sur la manière dont tout le monde respirait très fort tandis le second garde se penchait sur le cadavre de l’opérateur en disant au premier :

— Merde alors, c’était pas le signal !

— Ferme ta gueule, mec, lui dit le troisième. C’est fait, c’est fait. T’as qu’à la fermer. Ça change rien, n’importe comment.

— Ça va !

Le capitaine mit les doigts de sa main gauche en éventail et le reste du commando bloqua toutes les issues du studio. Béatriz se mit à trembler et consacra toutes ses énergies à essayer de se contrôler de manière que le capitaine ne s’aperçoive de rien.

Ben avait raison ! se dit-elle pour la deuxième fois. Et personne ne saura rien !

Elle regarda le programme qui défilait sur le moniteur. Elle était en train d’interviewer le Directeur à l’occasion de l’une de ses visites rituelles au centre de lancement. L’expression qu’il avait sur son visage, faite d’admiration et de déférence, donnait envie de vomir à Béatriz. Mais son regard demeurait fixé sur l’écran plutôt que de faire face à l’incroyable réalité qui se poursuivait dans le studio.

À travers le voile du choc et de ses propres tremblements, elle entendit la voix de Harlan, dans le fond du studio, qui entonnait à toute vitesse le chant zavatarien des morts. Elle se souvint que l’opérateur de la trois, celui qui avait les oreilles en feuilles de chou, était le cousin de Harlan. Le garde qui l’avait abattu était en train de le traîner par les pieds jusqu’au mur. Sa tête rebondissait sur les câbles étalés par terre, et le trou dans sa poitrine était si nettement cautérisé qu’il ne saignait presque pas.

Les trois assassins se déployèrent dans le studio. Quinze personnes étaient tenues en joue par neuf gardes dans un très petit espace où les projecteurs diffusaient une chaleur intense. Le capitaine embrassa le studio d’un regard puis se tourna vers Béatriz. Il indiqua les voyants rouges sur les triangulateurs.

— Cette lumière signifie que la caméra est en marche, n’est-ce pas ? Est-ce qu’elle enregistre toujours ?

Elle ne répondit pas. Elle pensait qu’il était important qu’il n’entende pas sa voix trembler. Elle ne pouvait détacher son regard de celui du capitaine.

Il ne sourit pas, cette fois-ci, et il ne fit aucun signe de tête en disant :

— Finissez le travail.

Puis, indiquant Béatriz d’un mouvement de menton, il ajouta :

— Mais pas elle.

Les cris, les supplications, les imprécations à l’adresse de Flatterie se turent avant que le capitaine lui eût fait parcourir la courte distance qui les séparait de la porte. Il lui sembla, pourtant, qu’elle mettait une éternité à l’atteindre, à cause des cadavres qu’il lui fallut enjamber et de ses propres jambes qui, pour la première fois depuis longtemps, refusaient de la porter.

— Vous voyez ce que vous avez fait ? lui demanda Brood en l’empoignant par le bras pour la secouer. Vous voyez la pagaille que votre émission a causée ?

Elle était incapable de parler. Si elle ouvrait la bouche, elle se mettrait à sangloter et elle ne voulait pas sangloter devant lui. Elle dégagea son bras d’une secousse. Le dernier corps qu’elle eut à enjamber avant d’arriver à la porte fut celui de sa maquilleuse.

Comment s’appelait-elle ? se demanda Béatriz, en proie à une nouvelle panique. Je n’arrive pas à retrouver son nom !

Néfertiti. Oui, c’était Néfertiti. Une jolie petite à la peau foncée, comme la sienne, et aux très grands yeux. Elle se promit de ne jamais oublier cela et de faire en sorte, un jour, que le monde entier l’apprenne.

— Vous êtes coriace, vous, lui dit le capitaine. Vous en avez probablement vu de pires à Mesa, il y a deux ans.

Elle s’arrêta sur le seuil et se retourna, toujours sans dire un mot.

— Je vous avais déjà remarquée là-bas, continua le capitaine. Avec votre petit ami, je vous ai vus vous retrouver cul par-dessus tête quand cette mine a fait exploser vos installations. J’ai cru que vous alliez y passer.

Elle hocha la tête, ouvrit la bouche pour dire : « Nous aussi », mais rien d’autre ne sortit de sa gorge qu’un croassement.

Pour la première fois, elle prêta attention à son nom, brodé sur sa poitrine au-dessus de l’insigne de la sécurité de Vashon : « Brood ». Et son unique désir, sur le moment, était de vivre assez longtemps pour assister à la mort du capitaine Brood.

Il se tourna lui aussi vers l’intérieur du studio, avec ses dix-sept cadavres encore tièdes. Béatriz parlait toujours sur le moniteur, qui passait à présent une interview de Nano Macintosh, le Commissaire du varech au Contrôle des Courants. C’était l’un des rares humains, en dehors de Flatterie, à avoir survécu à l’ouverture des caissons hyber, vingt-cinq ans auparavant. Il était si grand de taille qu’elle avait dû se jucher sur une petite plate-forme pour réaliser l’interview. Elle avait fait sa connaissance à l’occasion de son premier voyage au nouveau complexe orbital, le lendemain de sa dernière nuit avec Ben. Moins d’un mois plus tard, elle avait acquis la certitude qu’elle était de nouveau amoureuse.

— Faites-moi disparaître ces corps, ordonna le capitaine à ses hommes. Nettoyez tout, bouclez cet endroit et apportez-moi à bord toutes leurs bandes de merde.

Il s’inclina devant elle, lui ouvrit la porte et murmura :

— Une équipe de remplacement va arriver d’une minute à l’autre. Ce sont des hommes à moi et ils exécuteront mes ordres. Mon escadron et moi nous vous escorterons dans ce voyage, pour veiller à ce que vous fassiez de même.

Le Facteur ascension
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